Le trait d’union permet d’apporter des nuances et parfois même de changer le sens d’un mot. Exemple avec un mot cher à Confidens et souvent mal orthographié : le « compte rendu ».
Le trait d’union, un détail me direz-vous ! Que le lecteur, devenu un instant historien, ne s’y trompe pas, la Guerre du trait d’union a bien eu lieu : elle opposa représentants de la République tchèque et ceux de la République slovaque au sujet du nom à donner à la Tchécoslovaquie (ou Tchéco-Slovaquie…).
Le décor quelque peu dramatique planté et la légitimité historique de ce sujet démontrée, passons à un écueil plus moderne que le souci actuel d’uniformisation de la langue rend très fréquent : le compte rendu.
Ce mot ne doit jamais être composé avec un trait d’union. Il s’agit d’un nom commun suivi du participe passé « rendu » et qui signifie littéralement « rendre compte ». Il ne doit pas être confondu avec sa forme verbale (dans « compte-goutte » par exemple) où « compte », nécessairement invariable, est suivi d’un trait d’union et désigne un outil servant à compter la quantité du nom commun suivant nécessairement le trait d’union.
Un « compte-rendu » serait ainsi un appareil qui permettrait de compter les rendus ! Bien sûr le lecteur ne s’y trompera pas, mais cette forme risque de provoquer une hésitation gênante qui pourrait détourner notre fameux historien de l’étude de son article, ô combien précieux, sur la révolution de Velours.
Le mot « compte rendu de réunion » ne doit jamais être composé avec un trait d’union. Le trait d’union apporte des nuances et peut changer le sens d’un mot : placé après « compte », il permet de désigner un outil servant à compter la quantité du nom commun suivant, comme « compte-goutte », « compte-tours »… mais pas « compte-rendu » !